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Qui était Henri JUDET ?

Qui était henri JUDET ?

Par admin henrijudet, publié le vendredi 23 septembre 2016 15:19 - Mis à jour le samedi 7 juin 2025 15:06

Il était une fois… 

Rude homme de la terre, contemporain de la IIe république et de l’embrasement du Second Empire, Jean Judet deuxième du prénom, métayer à Lavaufranche, bénéficie de l’ouverture d’esprit des lois d’Hippolyte Carnot, ministre de l’instruction publique en 1848, induisant la « méritocratie ». Par astucieuse adaptation, il sait assurer sa promotion dans le milieu politique de la IIIe République : maire, conseiller d’arrondissement, conseiller général (1902-1907), puis député. Résistant aux avis freinateurs de son environnement familial et amical, il s’évertue à inciter ses quatre fils à faire des études pour « échapper à l’emprisonnement de la terre ». Le résultat est immédiatement éblouissant pour les quatre citoyens de la IIIe République : 

  • François, après avoir obtenu une licence en droit, dirige efficacement la propriété et le commerce de vin en Creuse ouvert par son père ; 
  • Victor, licencié en droit, élève de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures de Paris, victime de tuberculose revient dans la propriété de Villemonteix et devient député puis sénateur de la Creuse ; 
  • Henri, ressentant une vocation chirurgicale, réussit le Concours d’Internat des Hôpitaux de Paris et s’établit à Paris comme « chirurgien des os » spécialité émergente ; 
  • Adrien, licencié en sciences, devient docteur en médecine à Huriel où il décède à 45 ans.

Henri Judet (1874-1942)

 Né dans le nord de la Creuse en 1874 à Lavaufranche, ancienne commanderie des hospitaliers ayant dans sa chapelle le tombeau du commandeur Jehan Grimaux, Henri Judet troisième fils de Jean fait à Paris des études de médecine et passe avec succès le Concours d’Internat des Hôpitaux de Paris en 1898, n’ayant aucune connaissance ni aucun conseil dans le milieu hospitalier et universitaire.

Henri Judet fréquente les services hospitaliers de Simon Duplay (1894) puis de Merklen à l’hôpital Laennec (1895) avant d’être externe chez Félix Legueu à l’hôpital Necker (1896) et Gilbert Ballet, le limousin psychiatre à l’Hôtel-Dieu (1897). Il accomplit son internat de chirurgie en 1898 à Lariboisière chez Delens et chez Reynier ; en 1899, il est chez Bouilly à l’hôpital Cochin, chez Edouard Quénu à l’hôpital Cochin en 1900 et, en 1901, à l’hôpital Boucicaut chez Gérard Marchant. Ancien interne des hôpitaux de Paris, médaille de bronze de l’assistance publique, licencié es-sciences, Henri soutient sa thèse de faculté éditée chez G Steinheil à Paris en 1902 dont le titre est « De la péritonisation dans les laparotomies », sous l’influence de E Quénu en particulier lors des suppurations pelviennes gynécologiques. Initiée par Gérard Marchant et Dujarier, la carrière d’Henri Judet est celle d’un jeune chirurgien orienté vers la connaissance et le traitement de la pathologie osseuse qui devient une préoccupation en raison des troubles chez les travailleurs handicapés de la société industrielle, qu’il s’agisse des fractures, des amputations, des ankyloses et de toute la pathologie articulaire des arthroses, des polyarthrites et de la maladie tuberculeuse très fréquente. « Il fait ses études dans les conditions d’un étudiant pauvre avec 100 francs par mois » dit son petit-fils Jean Judet dans une interview à « Maîtrise orthopédique » n° 53 d’avril 1996 ! 

Il est d’abord assistant de Dujarier puis il décide de s’installer en « chirurgie libérale ». Rapidement reconnu comme pionnier, il a une clientèle importante ce qui l’amène à construire sa clinique personnelle vers 1935, square Desaix, au niveau de la station Dupleix dans une petite impasse qui donne dans le boulevard de Grenelle près de l’ancien « Vel d’Hiv ». C’est là qu’il pratique essentiellement la traumatologie ayant un bon contingent d’accidents de sport. Initié par Dujarier, il réalise beaucoup d’ostéosynthèses, opère beaucoup de pseudarthroses et d’ostéomyélites. Il y avait 40 lits et un appareil de radiographie ! Il écrit son « Traité des fractures des membres » qui a grand succès, car depuis son internat il ne cesse de réfléchir et de faire des travaux scientifiques, restant d’actualité un siècle plus tard sur le pied bot congénital et la pathologie du cartilage articulaire. C’est dans sa clinique du square Desaix qu’il offre le baptême chirurgical à ses deux fils Jean et Robert, s’intéressant à leur jeune carrière jusqu’à son décès en 1942. C’est là également que naît son petit-fils, portant son prénom, Henri fils de Jean ! C’est au square Desaix que, de 1941 à 1945, après le décès de l’ancêtre, les fils Jean et Robert installent un poste de secours clandestin pour les résistants.

Henri Judet, originaire de Lavaufranche, a donc contribué à écrire une des plus belles histoires de la chirurgie réparatrice des pathologies des os et des articulations. Lui et ses frères illustrent parfaitement l'idée que l'on peut transcender sa condition sociale grâce à la détermination et au travail acharné. Leur parcours est une source d'inspiration pour beaucoup, montrant que, avec de la volonté et des efforts, il est possible d'atteindre ses objectifs et de changer sa vie. C'est un message puissant sur l'importance de croire en soi et de ne pas se laisser limiter par les circonstances.

Source : L’arbre de Judet : les racines en Creuse et le faîte à Paris